L’eau est manifestement un besoin naturel : tout le monde a besoin d’eau et il n’existe guère d’activités économiques qui n’en dépendent d’une manière ou d’une autre. Comme le font remarquer, (H Dupriez et P De Leener 1990), «sans elle rien ne pousse, sans elle la vie n’est pas possible». C’est la raison pour laquelle l’homme a depuis toujours appris à réajuster ses comportements en fonction de la disponibilité des ressources en eau. Qu’en est t-il exactement de l’état de la ressource au Bénin?
L’Afrique de l’Ouest fait partie des quelques régions du monde identifiées par le GIEC comme particulièrement vulnérables aux changements climatiques. Les changements climatiques risquent ainsi d’entraîner des pénuries alimentaires, une recrudescence des maladies vectorielles, des dommages aux infrastructures et la détérioration des ressources naturelles. Les moyens d’existence des populations et le développement des économies nationales sont ainsi menacés par la vulnérabilité aux changements climatiques, vulnérabilité exacerbée par une mauvaise gestion des ressources naturelles.
Plusieurs millions de personnes souffrent régulièrement des impacts des sécheresses et des inondations en Afrique de l’Ouest où la baisse des disponibilités en eau a affaibli les moyens de subsistance des populations et conduit à des famines dans plusieurs parties de l’Afrique de l’Ouest (PNUD, 2004) mais aussi à des migrations saisonnières (Niasse et al., 2004).
La région a connu une rupture nette des séries pluviométriques et hydrométriques, une baisse des précipitations et un processus historique d’aridification du climat.
Au Bénin, les projections avancent une baisse continue de 10 à 20 % des précipitations d’ici à 2025 et une baisse de la production agricole de l’ordre de 23 % d’ici 2020 dans certaines régions du pays.
Des instabilités saisonnières qui dictent leur loi dérogeant ainsi les cycles de saisons ; des pluies diluviennes accompagnées d’inondations sont récurrentes, détruisant ainsi les bases existentielles des populations vulnérables dans les contrées du pays frappées par les variabilités climatiques.
Cette variabilité des pluies se conjugue souvent avec des événements climatiques extrêmes. D’après le rapport du GIEC de 2007, ces extrêmes ont changé en fréquence et/ou en intensité au cours des 50 dernières années, entrainant des inondations dévastatrices, des sécheresses, des tempêtes et des changements soudains de températures.
Les impacts sur les ressources hydriques (eau de surface et souterraine) qui constituent une richesse importante pour le Bénin (réduction de la production agricole, détérioration de la sécurité alimentaire, incidence accrue des inondations et de la sécheresse, propagation des maladies et augmentation du risque de conflits en raison de la raréfaction des terres et de l’eau) sont d’ores et déjà évidents.
En effet, ces phénomènes affectent la quantité et la qualité de l’eau. Les sécheresses combinées à d’autres facteurs, notamment la forte demande en eau, ont entraîné une baisse des débits des grands lacs et fleuves d’où une baisse des niveaux d’écoulement et une réduction significative des zones humides sud Bénin principalement le lac Ahémé.
En outre, la diminution des débits moyens a conduit à la stagnation des eaux par endroits et au tarissement des rigoles qui autrefois coulaient. Cette situation associée à l’eutrophisation des eaux a entrainé la prolifération des végétaux envahissants principalement la jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes) qui représente un danger pour les zones humides des sites RAMSAR 1017 et 1018.
Par ailleurs, la hausse du niveau des océans et l’augmentation de la salinité résultant de la fonte des glaciers sont manifestes le long de la côte et connait déjà des pertes importantes d’habitations et d’infrastructures dans les cités côtières d’akpakpa, quartier Jack, Placodji etc.
L’eau joue un rôle prépondérant dans la production agricole qui risque d’être compromise par la variabilité accrue des précipitations (IPCC, 2007).
Le secteur agricole est le plus vulnérable et le plus touché à travers la dégradation des sols et la réduction des ressources en eau. La sensibilité de l’agriculture face au climat découle d’un ensemble de facteurs physiologiques, climatiques, géologiques et biologiques interdépendants. Ainsi, des facteurs fondamentaux comme la chaleur, les précipitations, l’évapotranspiration, l’insolation, l’humidité relative, ainsi que la concentration de dioxyde de carbone, agissent directement sur les terres cultivables et par conséquent sur la production agricole (Da Silva, 2009). Il s’en suit la salinisation et l’acidification des terres conséquence des déficits pluviométriques.
Cette forte dépendance de l’agriculture vis-à-vis de la pluviométrie et la forte variabilité des pluies rendent la situation encore plus inquiétante.
Ces déférentes manifestations des perturbations climatiques ont des répercussions sur la productivité agricole principalement le coton et le niveau de revenu agricole des paysans, entraînant ainsi une forte prévalence de la pauvreté.
Tous ces effets ont compromis l’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) pour lesquels des progrès substantiels ont été réalisés dans la plupart des zones en Afrique de l’Ouest (ONU, 2014).
Il est primordial de mettre en jeu des actions globales et locales de renforcement de la résilience des écosystèmes surtout humides afin de faire face efficacement aux effets néfastes des changements climatiques sur la précieuse ressource en eau.